[Jean-Louis Bonnard (1824-1852), prêtre missionnaire]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPTP0588 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
historique Dimanche 19 juin [1988], le pape Jean Paul Il va canoniser cent dix-sept martyrs : quatre-vingt seize laïcs vietnamiens et vingt et un missionnaires parmi lesquels dix prêtres français. L'un d'eux appartenant à la société des Missions étrangères de Paris était Jean-Louis Bonnard, originaire de Saint-Christo-en-Jarez. Pour cette manifestation sans précédent dans l'histoire de la chrétienté puisque c'est la première fois qu'autant de personnes sont déclarées "saintes" le même jour, deux cents personnes du diocèse de Saint-Etienne se préparent à faire le voyage. Maire en tête, Saint-Christo sera au rendez-vous de Jean Paul Il dans la basilique Saint Pierre. Car c'est à Saint-Christo qu'est né Jean-Louis Bonnard le 1er mars 1824. Quatrième de cinq garçons, il avait manifesté dès l'âge de cinq ans le désir d'être prêtre. Mais dans cette famille d'agriculteurs qui améliorait son train de vie en fabriquant des clous durant l'hiver, il n'était pas question d'envoyer les enfants à l'école... payante. Le père avait donc profité de la mauvaise saison pour apprendre à lire à l'ainé des garçons. A charge pour lui de transmettre cette science aux cadets. Aussi, lorsque Jean-Louis continuait à manifester son souhait d'être prêtre le père réaliste se demandait : "Qui va payer les études" ? Les frères répondirent en choeur : "Nous ferons comme nous pourrons et nous nous priverons tous." Manifestement, le jeune Jeun-Louis n'était pas du genre intellectuel : "Il est incapable de servir la messe, vu qu'il n'arrive pas à articuler correctement les réponses latines !", relatent les témoignages de l'époque. Mais les mêmes s'attachent aussi à souligner qu'il s'obstine à répéter au prêtre de la paroisse qu'il veut devenir abbé, et qu'il emporte toujours avec lui son catéchisme et son chapelet. Séminariste à Saint-Jodard, c'est là qu'il découvre dans les "Annales de la Propagation de la Foi" sa vocation de missionnaire qui s'accompagne aussitôt dans sa tète et dans son coeur d'un autre engagement plus définitif encore : "Je veux être martyr"... A vingt-deux ans, le voilà à Paris au séminaire des Missions étrangères. Ordonné le 23 décembre 1848, il quitte la France cinq semaines plus tard et embarque à Nantes en direction de Hong Kong où il arrive après cinq mois de voyage. De découverte en découverte, Jean-Louis Bonnard s'adapte à toutes les situations (il arrive au Tonkin - partie Nord du Vietnam - à bord d'une jonque de contrebandiers avant d'être accueilli par la communauté chrétienne) et à toutes les maladies (il sera victime tour à tour d'une épidémie de choléra, puis de gaIe), mais il n'a d'attention que pour les persécutions que doivent supporter les chrétiens vietnamiens et les sacrifices qu'ils endurent pour conserver leur foi. Ce qui lui fait écrire à sa famille : "Si vous saviez leurs privations, vous vous estimeriez heureux d'être tranquilles dans votre maison où personne ne vient vous ravir la liberté et la paix dont vous jouissez". Alors que les autorités viennent encore d'aggraver les. édits de persécution à l'encontre de la communauté chrétienne, Jean-Louis Bonnard qui vivait clandestinement est dénoncé et emprisonné. Enchainé, portant constamment sur les épaules une lourde gangue de bois et les pieds entravés ; il refuse de donner les noms de ceux qui l'ont reçu, est condamné à être décapité avec pour seul motif "prédication de la religion perverse". II avait vingt-huit ans. Son cadavre fut jeté au milieu du fleuve rouge où les chrétiens vietnamiens repêchèrent le corps et la tête du martyr. Dimanche [19 juin 1988], à Saint-Pierre-de Rome, la canonisation de Jean-Louis Bonnard et des martyrs vietnamiens sera aussi l'occasion de prier pour ceux qui, en Asie du Sud-Est où ailleurs, un siècle plus tard, sont encore persécutés pour leur foi. A Saint-Christo, la communauté chrétienne est en train de redécouvrir Jean-Louis Bonnard : "Nous attendons de celle canonisation qu'elle nous redynamise dans notre foi", déclarent les laïcs qui participent à l'animation de la vie de la communauté, qui constatent : "C'est vrai qu'aux nouvelles générations le nom de Jean-Louis Bonnard ne disait pus grand-chose...". Depuis quelques dizaines d'années les saints n'étaient plus à la mode et le martyre de Jean-Louis Bonnard n'était plus présent que dans la mémoire de quelques-uns. L'épouse de Joseph Bonnard, arrière petit-neveu de Jean-Louis, explique cependant que dans la famille, "On n'a jamais oublié". Signe concret de cette mémoire : à chaque génération et dans presque chacun des foyers, il y a toujours un fils prénommé Jean-Louis. De plus, même s'ils ne le chantent pas sur les toits (on est du genre pudique et discret à Saint-Christo), les plus anciens font appel à la solidarité familiale et invoquent le bienheureux Jean-Louis Bonnard à la fin de leurs prières. Autre signe encore plus visible, un cousin lui-même membre des Missions Etrangères de Paris, le Père Bouchut qui à suggéré les manifestations autour de cette canonisation. C'est ainsi qu'une centaine de personnes de Saint-Christo et des alentours ira à Rome dimanche, que la prochaine journée missionnaire diocésaine aura lieu a Saint-Christo, que les enfants du catéchisme sont en train de fabriquer une fresque qui évoque la mémoire de Jean-Louis Bonnard et que le père Denis Thizy a fait restaurer la chapelle qui abrite les reliques de l'enfant du pays, dans l'église paroissiale. Il n'y a bien que le maire Francis Cognet qui redoute un peu que "cela attire du monde", car il est manifestement plus sensible au "risque commercial" qu'à Ia chance qu'offre un tel événement. "Avec Jean-Louis, nous découvrons que le chemin de la sainteté n'est pas inaccessible", disent les plus jeunes. Pas de raison alors pour que les voies de Saint-Christo demeurent indéfiniment impénétrables. Source : "Je veux être martyr" / Jeanine Paloulian in Lyon Figaro, 14 juin 1988, p.36.
note à l'exemplaire Tirage conservé en double exemplaire.
note bibliographique [Portrait de Jean-Louis Bonnard] / Louis-Joseph de Loye in Bulletin de l'Union gildarienne, no.128, décembre 1982, p.21-26 [non conservé]. - Tong-King et martyr, ou vie du vénérable Jean-Louis Bonnard, missionnaire au Tong-King, décapité pour la foi le 1er mai 1852 / E. Vindry, 1876 [BM Lyon, A 049333]. - "Un Martyr du Tonkin originaire des monts du Lyonnais : le bienheureux Jean-Louis Bonnard (1824-1852)" in L'Araire, no.94, automne 1993, p.29-38 (BM Lyon, 952307 1993, No 94).

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